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Article publié le
03/04/2015

Réforme du collège

Les collègiens méritent une bonne réforme.

Alors que plusieurs syndicats appellent à une journée de mobilisation contre la réforme du collège, la CFDT se démarque. Dans un communiqué commun avec le SPELC et le SNEC-CFTC, elle explique pourquoi elle n'appelle pas à rejoindre les rassemblements

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Téléchargez le communiqué.

Donnez votre avis sur les projets de programmes et de réforme.

Si le collège unique a un jour été démocratique, il est évident qu’il ne l’est plus aujourd’hui. Trop d’élèves n’y trouvent pas leur place et viennent ensuite grossir les rangs de celles et ceux qui sortent du système éducatif sans qualification.

Ce constat n’est plus tenable.  Nombre d’acteurs, parents, enseignants, chercheurs, réclament depuis de longues années, une réforme en profondeur pour le collège. Le projet présenté lors du Conseil supérieur de l’éducation le 10 avril n’est certes pas parfait mais il correspond néanmoins aux principales attentes de ces acteurs. C’est la raison pour laquelle il a été adopté.

Le débat à ce sujet reste vif et nous partageons certaines critiques, interrogations et inquiétudes exprimées. Nous considérons, par exemple, que ni la suppression des classes bilangues, ni la suppression de l’option découverte professionnelle DP3 ne vont dans le bon sens. Il nous semblerait beaucoup plus pertinent de généraliser les premières pour toutes les 6e et de renforcer la seconde.  Enfin, le passage des langues anciennes dans les EPI fait peser un risque réel sur cette discipline.

Cependant, nous ne nous rangerons pas au côté des détracteurs systématiques de la réforme, ni de ceux qui veulent que rien ne bouge.

C’est pourquoi nos organisations n’appellent pas à rejoindre la mobilisation du 19 mai.

Notre soutien à la réforme n’est toutefois pas sans condition. Elle ne réussira pas sans moyens importants, sans effort, sans engagement institutionnel et sans une réelle clarification des points qui posent problème. Si les personnels et les chefs d’établissement ne sont pas accompagnés, formés et soutenus, si cette réforme n’est pas améliorée, elle risque de ne jamais voir le jour ou d’être dépréciée très majoritairement. Les nouveaux programmes devront aussi faire la preuve de leur pertinence dans un langage simple et compréhensible par tous.

Il est donc urgent et indispensable d’infléchir ce projet, peut-être encore davantage en ce qui concerne l’enseignement privé sous contrat, où rien ne se déroule jamais tout à fait comme ailleurs. Des disciplines et donc des enseignants pourraient subir des pertes d’heures, ce que nous refusons catégoriquement. L’autonomie des équipes pourrait n’être qu’un leurre, la confiance et la concertation n’étant pas inscrites dans la culture de certains établissements.

Nous allons utiliser les prochaines semaines et les prochains mois pour agir et convaincre la ministre de l’Education nationale, ainsi que les différents réseaux de l’enseignement privé, notamment catholique, de prendre les mesures qui s’imposent pour garantir une application qui tienne vraiment compte des intérêts de tous les collégiens, mais aussi des besoins des personnels (enseignants, chefs d’établissement, personnels d’éducation…). Nos organisations s’y emploieront en prenant très rapidement une première initiative avant la fin de l’année scolaire.

Sans les enseignants, la réforme ne passera pas !

 

Le texte qui suit est un article paru en avril sur le même sujet :

 

Un rappel utile : l’orientation votée lors du congrès de Bayonne.

Au printemps 2013, la FEP-CFDT vote, lors de son congrès une résolution qui dit, pour le collège :

« Le collège doit évoluer. Le socle commun de connaissances et de compétences doit être défendu mais ses dérives doivent être corrigées. Ainsi, le livret de compétence qui fait confondre compétences et maîtrise de procédures et transforme le socle commun en cases à remplir doit être refondu.

La validation du socle commun doit être l’outil de validation finale des compétences en complément du Diplôme National du Brevet (DNB) qui, lui, valide des savoirs.

L’évaluation de la progression des savoirs et des compétences est première. L’appréciation portée aux travaux des élèves est dans ce cadre un moyen et non une fin en soi. Des objectifs d’acquisition capitalisables sont une solution à envisager.

Pour mieux accompagner les élèves, le temps de tutorat et de suivi personnalisé nécessaire doit être intégré et comptabilisé dans les emplois du temps de l’élève et de l’enseignant. Cela passera aussi par un allégement des programmes. Un temps spécifique et collectif de formation pour s’approprier l’évaluation du socle commun doit être proposé systématiquement aux équipes sur temps de travail.»

A part les programmes, en cours de finalisation avant d’être soumis à la consultation des enseignants en avril/mai 2015, et le temps de formation, promis par le ministère mais encore à finaliser, le reste de notre résolution peut se lire dans la réforme proposée.

… résolution qui dit dans son préambule : « Le système actuel ne corrige pas les inégalités sociales. A cette fin, des réformes sont nécessaires. Mais ces réformes doivent être construites dans le dialogue social pour être portées par les personnels. Pour l’être, elles doivent contribuer à améliorer les conditions de travail. »

Là encore, la réforme va dans le bon sens, les organisations syndicales ont été consultées, celles du privé plus qu’avant. Il reste à peser sur les conditions de sa mise en œuvre et l’impact sur les conditions de travail, les remontées du terrain témoignant d’une grande inquiétude, surtout disciplinaire (techno, langues) mais aussi globale (accompagnement, augmentation du temps de travail, …), nous y reviendrons.

Une situation dégradée 

Les résultats des différentes enquêtes internationales (Pisa notamment mais pas seulement), montrent toutes que notre système ne donne pas de bons résultats pour un nombre important d’élèves. Pire, il accentue les inégalités sociales ! « Il faut considérer le rôle de l’école elle-même dans la production des inégalités scolaires », indiquait le rapport Thélot. Louis Maurin, directeur de l‘observatoire des inégalités, indique que la démocratisation, réelle, de l’enseignement est devenu une « démocratisation ségrégative », car faute de modifier pratiques et contenus, notre système, resté très « académique », fonctionne sur la sélection précoce par l’échec et sur la peur que cette sélection engendre : à ce jeu, les enfants des catégories défavorisées ne peuvent que perdre, intériorisant la place qu’on leur assigne contrairement à ceux des CSP plus favorisées qui ont le sentiment d’être à leur  place dans les filières d’excellence.

Les études internationales montrent que, plus les choix d’orientation se font tôt dans les cursus, plus les inégalités sociales sont marquées en fin de parcours. Enfin, une enquête INSEE sur l’aide au devoir montre que 80 % des mères qui n’ont pas de diplôme s’estiment dépassées pour aider leurs enfants dans leurs études au collège, contre 26 % pour les diplômées de l’enseignement supérieur. Face à ce constat, sans parler de la masse de décrocheurs, il y a donc bien urgence à changer...

Le projet présenté est cohérent …

La réforme du collège s’inscrit dans le sillage de la réforme du nouveau socle commun et celui des nouveaux cycles d’enseignement : le cycle 3 regroupe CM1, CM2 et 6me, le cycle 4 les trois dernières années du collège, de la 5me à la 3me. Les programmes, qui vont être écrits par cycle, et les textes sur l’évaluation du socle ne sont pas encore parus. Ces éléments manquants induisent de l’inquiétude et ne permettent pas d’appréhender la réforme dans sa totalité. Pour autant,  le cap indiqué par la ministre « fixer des objectifs atteignables en tenant compte des expériences menées dans des collèges innovants ; donner 20 % de marge de manœuvre dans chaque collège avec les « enseignements complémentaires » : l’AP (accompagnement personnalisé) et les EPI (enseignement pratique interdisciplinaire), et les « heures de marge enseignants » en touchant le moins possible aux horaires disciplinaires ; limiter les filières sélectives qui ne disent pas leur nom », va dans le sens de notre orientation.

Les enseignements complémentaires sont soit du temps d’accompagnement personnalisé, soit du temps consacré à des pratiques interdisciplinaires axées sur des démarches de projet (8 EPI en lien avec les programmes disciplinaires, 2 à choisir par an et par élève).

Pour permettre un travail différencié et adapté aux réalités du terrain, il sera attribué pour chaque classe  2,75h de marge enseignants pour 2015(puis 3h par la suite), permettant, soit de dédoubler dans une discipline, soit de travailler en binôme sur une même classe. Dans un « petit » collège de 4 classes par niveau, cela représentera 44h à répartir entre les enseignants des différentes disciplines …

Du côté de celles-ci, les négociations ont permis d’augmenter le temps donné à tous les élèves pour la LV2 qui démarrera dès la 5me à raison de 2,5h par semaine chaque année. Résultat : l’allemand restera stable globalement, l’espagnol va augmenter sensiblement … mais plus de classe européenne et les classes bi-langues ne seront reconduites que lorsqu’il avait une continuité école/collège (les zones frontalières sont les principales concernées, mais pas qu’elles) donc pertes localement d’heures pour certains et augmentation pour une majorité d’autres.

Les enseignements facultatifs disparaissent (itinéraires de découverte, langues et découverte professionnelle). Les  heures de langues sont chamboulées : elles vont passer de 8h à 5h pour le latin, ce qui pourrait poser problème ici ou là sachant que l’horaire de français n’est modifié dans aucun niveau. Mais ces enseignements vont se retrouver dans les  trois EPI « langues et cultures de l’Antiquité », « langues et cultures étrangères ou régionales », « monde économique et professionnel ». « On offre à tous la possibilité d’étudier des cultures anciennes/régionales » en EPI et on permet à ceux qui le souhaite de commencer à étudier la langue »,  a indiqué le ministère.

L’horaire de techno est réduit d’une demi-heure en 3me mais en 6me le boc sciences et techniques (techno + SVT) passe de 3h à 4h … en intégrant les Sciences Physiques, dans la continuité du cycle 3. La répartition entre les disciplines sera à faire localement par les équipes concernées : nous aurions aimé avoir l’assurance qu’une demi-heure de techno soit ajoutée dans ce bloc. Nous n’avons pas obtenu gain de cause mais nous avons également demandé qu’une semestrialisation soit rendue possible au même titre que celle permise pour le bloc d’enseignements artistiques (cela permettrait de faire 1h de S Physiques un semestre et une heure de techno l’autre semestre), « rien ne l’interdit formellement, on va voir si on peut modifier le texte ».

Enfin, le projet prévoit que « L’établissement peut moduler la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect :

  • du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle ;

  • du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève. ».

Contrairement à l’analyse faite par le SNES, nous ne pensons pas que … « ce texte remet clairement en cause le fonctionnement du collège … ni qu’il « … conduira à une mise en concurrence des disciplines et des établissements et accroîtra les inégalités sociales et scolaires au nom de  l’adaptation au public ». Il permettrait tout au plus de décaler une demi-heure de français de la 6me à la 4me par ex, si cela correspond à un projet bien particulier et à une demande des enseignants concernés.

… Mais il bouscule !

Reconnaissons-le : si nous avons reçu quelques messages disant « globalement, ça va dans le bon sens », ils étaient aussitôt suivis de « MAIS … » ! Et les revendications disciplinaires (cf plus haut) avec intervention d’associations et pétitions à signer ont fleuri ! On comprend très bien les cris d’alarme de ceux qui pensent perdre des heures dans leur discipline : pour le ministère, « ce n’est absolument pas le but de la réforme et les dispositifs nouveaux doivent permettre de régler ces situations dans le cadre de chaque établissement ». Possible, mais rien ne nous le prouve vraiment : il y aura bien un volant non négligeable d’heures de marge enseignants et le choix des EPI devrait permettre de donner des heures à des enseignants en difficulté. Mais, ne nous voilons pas la face, ici ou là, il y aura sans doute quelques perdants. Que les équipes syndicales devront soutenir et nous faire impérativement remonter.

Outre l’aspect disciplinaire, les inquiétudes partagées concernent la capacité de ce ministère à accompagner réellement les équipes d’enseignants dans une double réforme, celle du socle avec une évolution forte des modes d’évaluation et celle du  collège avec de nouvelles marges de manœuvre … qui vont nécessiter de travailler « autrement », de manière plus collective avec de nouveaux programmes et une articulation enseignement disciplinaire/EPI qui interroge forcément.

Comme dans toute organisation, il y a bien « une résistance au changement » que le ministère dit, « entendre, mais avec la volonté de rassurer ». Pour l’instant, ce n’est pas gagné !

Autre aspect posant problème et diamétralement opposé à la situation dans le public : ce qui est posé d’emblée comme une nécessité « l’augmentation de l’autonomie laissée aux établissements, et donc aux équipes dans les établissements » ne peut qu’inquiéter dans les réseaux de l’enseignement privé où nos chefs d’établissements usent et parfois abusent de cette même autonomie dont ils se réservent l’usage. Comment se répartiront les heures d’enseignement complémentaires et de marge ? N’y a t’il pas un risque de se retrouver en perte d’heures si tel chef d’établissement a un enseignant dans le collimateur ? Le (projet de) décret sur le collège est commun au public et au privé, une nouveauté intéressante, mais il précise dans l’article 2 II :

« … l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration, conformément au projet d’établissement, et après avis du conseil pédagogique » … et dans l’article 2 III :

« Pour l’application du II dans les établissements privés sous contrat, l’organisation des enseignements est fixée par le chef d’établissement en concertation avec les professeurs. »

Au ministère, nous avons demandé et semble-t-il obtenu, que soient repris les termes utilisés dans les décrets spécifiques au privé votés en CCMMEP ( IMP et obligations de service en lycée) qui parlent de consultation de l’ensemble des enseignants, et d’information sur les décisions prises. L’échange qui a suivi a montré la  convergence de vue entre les trois syndicats majoritaires et les représentants du ministère  sur la nécessité d’une instance type conseil pédagogique dans nos établissements, mais c’est un autre sujet …

… Dans un contexte plombé

Politiquement et socialement, avec un chômage (et un FN …) qui continue(nt) de monter, un mécontentement catégoriel important et une forme de désespérance dans l’action politique, l’heure n’est pas à l’optimisme. Les réflexes de repli sur soi se constatent également dans notre champ professionnel, au détriment d’actions ou de réflexions collectives, chacun cherchant individuellement à « sauver sa peau », … le meilleur moyen de la perdre. L’appel à la grève du 9 avril (que la CFDT  et les syndicats réformistes ne relaient pas), et le récent départ de 4 syndicats de l’ultime négociation au ministère mardi, montrent un raidissement certain du SNES et des syndicats « conservateurs » comme FO et le SNALC, partisans finalement de l’immobilisme. Dans notre secteur le sentiment de défiance est très fort vis-à-vis d’un ministère qui ne nous a pas habitués à écouter et à accompagner ses personnels : les rythmes mal nés sont dans les mémoires, les réformes précédentes du collège mais aussi du lycée ont laissé un goût amer dans la bouche de beaucoup, la réforme additionnelle diminuée brutalement  sonne comme une promesse non tenue, je m’arrête là …

La crise de confiance est certaine … pour de bonnes raisons et de moins bonnes.

Donc, une réforme à risques …

Le ministère sera bien inspiré de mettre ses paroles en actes s’il veut réussir cette réforme que la Fep va/doit  soutenir car le chemin indiqué nous convient. Pourtant, nous sentons bien toutes les réticences, y compris parmi nos adhérents.

Réticences disciplinaires qui, avouons-le ici, nous paraissent trop alarmistes : le réflexe corporatiste s’entend et se comprend, doit-on pour autant noircir complètement le tableau ? Des marges existent dans le décret, à chaque responsable et chaque enseignant de peser  pour éviter d’éventuelles pertes d’heures.

Réticences plus globales ensuite d’enseignants désabusés qui ne voient rien venir en terme de revalorisation salariale et sont déçus des réformes précédentes : pourtant, nous vivons une situation paradoxale car le climat au sein du ministère nous a rarement été aussi favorable ! Les responsables sont des femmes et des hommes de dialogue, qui portent un réel projet de changement du système dont l’ambition rejoint nos convictions profondes (lutte contre les inégalités, réussite de tous les élèves, importance du travail collectif, …). Et le temps presse, l’horizon 2017 si loin, si proche, risque de redistribuer les cartes dans un sens qui nous sera nettement plus défavorable.

Notre soutien se doit cependant d’être lucide car toutes les incertitudes ne sont pas levées loin de là, et notamment pour les enseignants des disciplines citées  auparavant. Nous n’avons pas non plus les garanties que les corps d’inspection et les recteurs suivront à la lettre les consignes ministérielles. Nous allons interpeller rapidement le ministère sur ces différents points, mais aussi appeler l’enseignement privé à une grande vigilance sur la mise en application de la réforme dans l’enseignement privé, en particulier sur tout ce qui pourrait conduire à une surcharge de travail, sur la nécessité d’améliorer les conditions matérielles de travail, sur les besoins en formation et sur une répartition des heures imposée sans réelle concertation.

Nous sommes en effet très conscients des risques de dérive du « plus d’autonomie pour les équipes » qui se transformerait en « plus d’autonomie pour les chefs d’établissements ». Le SGEC semble avoir compris qu’au vu des réformes en cours, une instance pédagogique  de concertation est devenue incontournable au collège comme au lycée : la réforme du collège ne s’appliquant qu’en septembre 2016, il reste du temps pour la mettre en place, pour la préparer collectivement  et pour lever les derniers doutes …

Réforme à risque, disions-nous, y compris pour nous fédération Fep-CFDT. Nous représentons des salariés tentés de n’envisager que les mauvais côtés et les risques de la réforme, quand nous n’envisagerions que les avantages « théoriques »  de celle-ci … Il est de la responsabilité fédérale d’indiquer que nous devons rester sur nos deux jambes : accompagner les réformes qui vont dans le sens de nos orientations et dans l’intérêt de nos élèves, tout en restant vigilant et intransigeant sur les conditions d’exercice du métier d’enseignant.

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[pdf] Le communiqué de l'intersyndicale (516,26 ko)
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